Premiers arrivants | Le temps des Français | Retours sur Buenos Aires (1852) |
Guerra Grande de 1832 à 1843 | La Guerre de la Triple Alliance (1865-1870) | |
Siége de Montevideo (1843-1851) |
Ces précurseurs sont pour la plus part des demi-soldes, parfois de hauts rangs, désireux de reprendre du service de l'autre côté de l’Atlantique. L'un des plus connu, le nom d'une rue de Montevideo en témoigne encore aujourd'hui, est sans doute le colonel Frédéric BRANDZEN qui mort en 1827, en menant la charge de cavalerie de l'armée Orientale contre les troupes impériales Brésiliennes (victoire d’ITUZAINGO, à l'origine de l'Indépendance de la République Orientale de l’Uruguay). |
- L’agglomération de Montevideo, destinée à stopper les prétentions territoriales portugaises, avait été fondée en 1723 par Bruno de Zabala, gouverneur espagnol de Buenos Aires. Parmi les premiers 34 hommes, femmes et enfants qui avaient accepté de venir s'enfermer dans les fortifications de la future ville, figuraient déjà deux français d’origine nantaise, anciens soldats de la garnison espagnole de Buenos Aires : Eugène EUSTACHE et Jean Baptiste CAILLOS .
- Le plus célébre de ces deux mercenaires, Eugène EUSTACHE , était surtout connu sous le nom de « Pistolete ». Il était parti de BUENOS AIRES avec sa femme légitime et leur fille. Il s'était ensuite associé avec le Capitaine Gronardo, pilote officiel du roi d'Espagne pour la difficile traversée du rio de la Plata, mais également trafiquant de peaux, estanciero, et tenancier de pulperias. De 1724 à 1725 il avait gérè la première "pulperia" de Montevideo.
Dans cet estaminet-épicerie-magasin où venaient s'approvisionner et s'enivrer les soldats de la garnison naissante, les matelots de passage, les écorcheurs de bestiaux, voire les indiens Charruas du voisinage. Son habileté à manier le pistolet, d'où il tenait son surnom, lui a été particulièrement utile vis avis de cette clientèle qui n'était pas de tout repos ….. C’est d’ailleurs pour cette même raison, que les pulperias du Rio de la Plata étaient traditionellement dotées de barreaux de fer ou de bois permettant de séparer la salle de la partie comptoir et entrepôt de marchandise . Héros potentiel de films d’aventures historiques, Pistolete était aussi l’ une des personnalités de la bourgade naissante, car s'il laisse des dettes à sa veuve lorsqu'il meurt noyé dans les eaux du Rio Santa Lucia, elle était nantie de l'une des 4 maisons seules dignes de ce nom dans les parages...
- Devenue capitale officielle du pays en 1826, Buenos Aires était déjà une ville cosmopolite de plus de 50.000 habitants, ouverte aux idées venues d’Europe, affirmant déjà ses différences culturelles et sociales par rapport aux villes de l’intérieur.De 1820 à 1826 Bernardino RIVADAVIA y avait exercé, avec l’appui des intellectuels argentins, une gouvernement éclairé et progressiste que la Restauration Française, alliée de l’Espagne s’était cependant toujours refusé à reconnaître ....
En 1825, Juan Manuel ROSAS, porte parole des grands propriétaires terriens, était déjà à l’origine des premières menées anti-françaises et des troubles qui s’en étaient suivis.
- A la même époque, Montevideo disposait d’un port stratégiquement mieux placé que ne l’était celui de Buenos Aires et d’accès beaucoup plus commode : Naturellement doté d’un mouillage en eau profonde ,commandant l’embouchure de la Plata et les accès à l’intérieur de cette partie du continent ( par les ríos Uruguay et Paraná). La future capitale de l’Uruguay était également le port de transit obligé pour les émigrants français qui ne pouvaient pas se rendre directement à Buenos Aires. En effet le gouvernement des Bourbons de la Restauration Française se refusait à reconnaître la souveraineté de l’Argentine par solidarité familiale avec les Bourbons d’Espagne.
Il n’était donc pas étonnant que la majorité des voyageurs en transit, conquis par le pays, la douceur du climat Uruguayen et la facilité d'y trouver du travail, aient souvent préféré arrêter là leur voyage, plutôt que de le poursuivre vers les autres régions du Bassin de la Plata ( Provinces de Buenos Aires, Corrientes, Entre-Rios et le Paraguay).
- En 1829,le général Juan Manuel ROSAS s’était imposé comme gouverneur de la province de Buenos Aires . A cette occasion, ses partisans nationalistes avaient commencé à lancer plusieurs actions de ripostes contre le gouvernement français et son refus de reconnaître la souveraineté Argentine. La naissance de ce mouvement anti-français s’était traduite par une série de manifestations violentes contre la France, assorties de spoliations diverses sur les personnes et les biens de ses ressortissants.
- Après 1830, malgré la reconnaissance tardive de l’Indépendance Argentine par le gouvernement de Louis-Philippe, les menées anti-françaises avaient repris de plus belle pour atteindre leur paroxysme en 1837, avec le développement de la dictature de Rosas arrivé au pouvoir en 1835 avec le soutien Britannique. La soumission des caudillos de l’intérieur. et sa main mise sur les autres provinces de la Confédération Argentine s’accompagne de nouvelles mesures discriminatoires envers la France :
- Refus de lui concéder le bénéfice clause de la nation la plus favorisée ( déjà accordé aux britanniques)
- Exigence du service militaire envers les immigrants français.
Le conflit avait débuté comme une guerre civile entre deux caudillos et leurs partisans respectifs, les Blancos et les Colorados.
- D’un côté, le général ORIBE , ancien président de la république de l’Uruguay, et son parti « Blanco » soutenus par Juan Manue l ROSAS, gouverneur de la province de Buenos Aires depuis 1829,qui devait étendre son pouvoir dictatorial sur les autres provinces de la confédération argentine.
- Dans l’autre camp ,le général RIVERA, tout récent président en exercice, et son parti «Colorado» ,aidés parles différents ennemis de Rosas :Les anti-Rosistes argentins d u part i« Unitaire » réfugiés en Uruguay ;le gouvernement brésilien jaloux de ses prétentions hégémoniques sur la « banda oriental » ; et enfin ,le gouvernement français qui ne pouvait tolérer les mesures discriminatoires et xénophobes prises par le dictateur à l’encontre de ses ressortissants, émigrés en Argentine( en 1838 la flotte française avait misun premier blocus devant le port de Buenos Aires et aidé. Rivera à prendre le pouvoir en Uruguay ) . A partir de1843 , les Britanniques avaient fini par se joindre aux français a nom de la défense des interêts européens .
- La tendance conservatrice était commune aux partis « FEDERALE » en Argentine et « BLANCO » en Uruguay. Les CONSERVATEURS, généralement des propriétaires terriens , se considéraient comme les héritiers naturels de l'ordre colonial espagnol. Ils prônaient un catholicisme conservateur et des théories xénophobes et nationalistes. Partisans d'un pouvoir fédéral nécessaire à la protection des régions de l'intérieur ("El campo") ils étaient attachés à leur culture traditionnelle créole ( "Criolla") et voulaient une Amérique Espagnole opposée à l'Europe Industrielle Ils se méfiaient de tout ce qui était étranger. Les FEDERALITE S étaient dirigés, en Argentine, parle dictateur Juan Manuel ROSAS (gouverneur de la province de Buenos Aires en 1829 puis président de la Confédération Argentine jusqu’en1852) En Uruguay ,les « BLANCOS » avaient à leur tête le général Manuel ORIBE (président de la République de l’Uruguay de1834 à 1838).
- La tendance libérale, appartenait aux membre du parti COLORADO uruguayen et aux UNIONISTEs argentins. Les LIBERAUX se recrutaient surtout parmi les élites intellectuelles de Montevideo et de Buenos Aires ,admirateurs des idées et de la culture française. Plusieurs d'entre eux étaient libre-penseurs, voire même francs maçons . Progressistes, ils étaient favorables aux étrangers et défendaient la libre circulation des capitaux et des hommes. Ils considéraient que la mise en valeur du pays ne pouvait se faire que par un gouvernement unifié, des frontières ouvertes aux échanges commerciaux et en favorisant le développement des villes et l'immigration européenne. Le chef du parti COLORADO était le général Fructuoso RIVERA (1830- 1842) .Plusieurs intellectuels« Porteños » (on appelle ainsi les habitants de Buenos-Aires) ,opposants à Rosas s'étaient réfugiés à Montevideo à partir de 1837. Ils y avaient trouvé le soutien de RIVERA et établi là une première tête de pont UNIONISTE.
Avec la fin de la Guerra Grande s’achève la grande époque de l’émigration française en Uruguay.
Malgré une certaine reprise au moment de la guerre de la Triple Alliance, l’émigration
française en Uruguay sera désormais devancée par les émigrations italienne et espagnole.
Puis le mouvement se ralentira à nouveau, après 1870 pour se tarir progressivement jusqu’en 1914.
Actuellement l’Uruguay compte 3.100.000 habitants dont 1.000.000 à Montevideo.
Ce chiffre a très peu évolué en 50 ans. De nos jours le mouvement migratoire
s’est inversé. Beaucoup d’Uruguayens, notamment ceux qui on fait des études supérieures,
et ils sont nombreux, cherchent à s’expatrier ( Etats Unis, Espagne et autres pays d’Amérique latine).
22) Déroulement de la Guerra Grande
23) La période Argentine
Le premier recensement fiable réalisé en Uruguay au 19éme siècle n’a eu lieu qu’en 1908.
Il faisait ressortir 916.320 habitants pour l’ensemble du pays et une population de 309.331
personnes pour sa capitale. A l’époque, la plus grosse vague des émigrants espagnols et
italiens n’était en effet pas encore arrivée.
231) Les Retours sur Buenos Aires
La colonie étrangère réfugiée dans Montevideo assiégée n'avait pas attendu la fin du conflit
pour retourner en Argentine. Amorcé en 1848, par la levée du Blocus de Buenos Aires par la
flotte franco-britannique, le mouvement s'était accéléré dés la fin
du siége de Montevideo par de nombreux retours français sur Buenos Aires.
Entre-temps, ROSAS avait pris conscience des conséquences désastreuses que ses positions xénophobes avaient eues
jusque là sur le développement de son pays. Par ailleurs il était poussé par la reprise de ses relations avec le gouvernement
britannique, soucieux de la défense des intérêts économiques de ses nationaux. Par une habile libéralisation de sa politique, le
dictateur était parvenu à susciter la reprise de l'immigration européenne vers Buenos Aires, redevenue prospère et tolérante.
Par contagion, ses voisins - URQUIZA dans l'Entre-Rios avec son " Il faut dépeupler
les Pyrénées ", les LOPEZ au Paraguay, et GIRO en Uruguay avaient développé une politique d'immigration
tout à fait similaire dont finalement bénéficiera l'ensemble du bassin de la PLATA.
232) La Guerre de la Triple Alliance(1865-1870)
Une forte reprise de l’émigration européenne et française a coïncidé avec l'intervention de l'Uruguay au côté des Argentins et
des Brésiliens dans la guerre de la triple alliance contre le Paraguay.
Le conflit aura eu cependant, des conséquences trés favorables pour le développement économique et démographique de l’Uruguay amplifiées par plusieurs facteurs favorables:C'est ainsi, que plus de 50.000 émigrants vont pouvoir entrer dans le pays entre 1860 et 1867 ( 17000 pour la seule année1867).
- La ROU connaît une longue période de stabilité et de paix interne ( disparition du "Caudillisme" et remplacement par un régime de partis démocratiques ).
- Le marché international et les prix occidentaux se révèlent favorables aux Cuirs et laines.
- La récente implantation du mouton dans les estancias commence à générer un nouveau courant d'exportation : la laine et les peaux de mouton venant s'ajouter à celle des produits traditionnellement fournis par les bovins: Cuirs, suif, viande séchée et corne.
- Un fort abaissement du coûts des transports maritimes avec l'Europe (passagers et marchandises ) du à l'amélioration des voiliers et aux progrès de la navigation transocéanique à vapeur.
- En 1852 les britanniques avaient créè la première ligne régulière de navigation LONDRES/MONTEVIDEO.
- Pour ne pas demeurer en reste, les français suivront en 1860, avec la mise en service de la ligne des"Messageries Impériales" sur Bordeaux, le Havre, Marseille, et Londres
- En 1862 avec la création de la Cie Générale Transatlantique (82 voiliers, 8 vapeurs)
Uruguay | Montevideo | |
1860 | 221000 | 60.000 |
---|---|---|
1867 | 271.000 | 100.000 |
De nouvelles mesures ont en effet été accordées par le gouvernement Uruguayen pour relancer le peuplement du pays. Mesures de propagande en Europe, par ses agents consulaires, mais aussi mesures prévoyant aides et privilèges pour les artisans et agriculteur tentés par l'aventure
La capitale de l’Uruguay reste toujours une ville d'étrangers: